LE PARISIEN, 01.02.2000

Alain Prost: "Il faut que ça marche"


C'est aujourd'hui, à Barcelone, qu'Alain Prost présente sa nouvelle voiture: l'AP03. Elle sera pilotée par le Français Jean Alesi et l'Allemand Nick Heidfeld. Après deux saisons difficiles, ils auront à cœur d'effacer les mauvais résultats et de se mêler aux bagarres de tête. Premier verdict: dimanche 12 mars, à Melbourne, pour l'ouverture de la saison 2000.

L'AP03 est-elle née sans heurts?
L'hiver a été très compliqué et ce n'est pas fini. L'intersaison est toujours une période difficile. Il nous faut déjà réfléchir à ce que sera 2001, trouver des partenaires. Nous avons tout fait pour que la nouvelle voiture fonctionne bien, mais nous ne savons pas ce qu'ont fait les autres. C'est l'angoisse.

Quelle philosophie a prévalu dans la conception de cette voiture?
L'AP03 est une monoplace entièrement nouvelle: nous avons gardé les bons éléments de 1999 et avons opéré un grand changement côté aérodynamique et centrage des masses. Nous sommes allés très loin en termes de technologie. Les résultats en simulation sont au-delà de nos espérances. Nous allons monter à tous que nous sommes capables de faire une belle voiture.

Alan Jenkins, le troisième papa de la Prost en trois ans, a-t-il eu carte blanche?
Il a travaillé comme je le souhaitais, en recadrant d'abord toute la structure technique. Il a tout organisé de manière à ce que chacun donne 100 % de soi à l'usine. Il sait aussi frapper du poing sur la table de temps en temps. C'est important.

Avez-vous une crainte particulière?
La fiabilité. Nous avons pris beaucoup de retard au niveau de moteur. Peugeot a eu quelques problèmes, notamment de sous-traitance.

Au cours de ces trois dernières saisons, avez-vous regretté, parfois, de vous appeler Alain Prost?
Avoir été champion du monde a des désavantages: tout le monde veut me voir, veut avoir à faire à moi… C'est à la fois sympa et fatigant. Et c'est facile de dire: "Un ex-pilote est incapable de conduire une équipe."

Quelle est votre réaction face à ces remarques?
Je n'ai pas à y répondre. Lorsque j'étais pilote, j'étais souvent critiqué au niveau français. Même en étant quatre fois champion du monde. Il y a beaucoup de jaloux et d'aigris. Pour moi, c'est douloureux: j'ai monté ce projet d'abord parce que c'était en France. Je ne me sens pas beaucoup aidé.

Quel est votre pronostic sur le rapport de forces 2000?
Les McLaren et les Ferrari seront toujours devant, plus proches encore les unes des autres. Derrière, je vois Jordan et Jaguar. Nous ne serons pas très loin d'eux. Dans les quatre ou cinq meilleures équipes.

Le vent Alesi a-t-il déjà soufflé sur l'équipe?
Oui. Jean a de l'expérience, il sait ce qu'il veut. Il a aussi le punch, la passion, qui nous motivent tous. Nick Heidfeld, son coéquipier, est plus calme. J'ai été étonné par sa capacité à être très rapide, sans faire de fautes. Le tandem s'équilibre. Et puis, Jean et moi sommes tous les deux d'accord: il faut que ça marche.


Propos recueillis par Stéphane Samson ("l'Auto-Journal")



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