METRO, 04.02.2004

Entretien avec Alain Prost



Vous êtes le parrain de l'opération "La course de rêves". Pourquoi vous êtes-vous engagé en faveur des enfants ?
Quand vous êtes pilote de F1, vous ne vivez que pour la compétition et les résultats en faisant abstraction du monde qui vous entoure. Pour réussir au plus haut niveau, vous vous devez d'être monomaniaque. A l'époque, j'étais pourtant sensibilisé aux malheurs et aux injustices qui frappent l'enfance mais je manquais de disponibilité. Je suis père de famille et j'ai moi-même vécu un drame en perdant mon frère malade d'un cancer depuis l'âge de 10 ans. Redonner le sourire et l'espoir à des gamins qui luttent pour la vie, c'est la plus belle des causes.

De grands champions ont répondu présent à votre invitation pour soutenir les enfants malades ? Qui sont-ils ?
Luc Alphand, Jean-Louis Schlesser, Olivier Jacques, Stéphane Peterhansel, Jacques Laffite, Jean-Marie Bigard, Brahim Asloum, Loïck Peyron... Grâce à leur élan de solidarité, nous avons vendu les 800 places Rêves qui vont nous permettre de reverser 15 000 euros à l'association.

Qu'est-ce qui vous a poussé à reprendre le volant en vous lançant dans l'aventure du Trophée Andros ?
L'envie d'apprendre et de progresser en repartant de zéro. La conduite sur glace constitue un exercice contre nature pour moi après 25 années de carrière passées à rouler sur le goudron. J'ai toujours aimé la bagarre et les défis.

Malgré votre inexpérience, vous avez enlevé trois des douze courses au calendrier. Quelles sont les clés de votre réussite ?
Ma plus grande satisfaction est d'être parvenu à développer la voiture et à rivaliser avec les meilleurs pilotes en dépit de nombreux handicaps : une nouvelle équipe, des soucis de moteur dans la première partie de la saison et les réflexes techniques hérités de la Formule 1.

La Formule 1 et Alain Prost, la page est-elle définitivement tournée ?
Je n'y pense plus. Pour être sincère, je n'ai même pas envisagé de revenir un jour dans le paddock. La motivation a disparu même s'il m'arrive de suivre les courses à la télévision. La Formule 1 a radicalement changé. Elle est devenue un vrai business contrôlé par des constructeurs automobiles tout-puissants. En quelques années, j'ai l'impression qu'elle a beaucoup perdu sur le plan humain. Aujourd'hui, je m'occupe de mes affaires personnelles et de ma famille. Cela suffit à mon bonheur.

Un seul pilote français (Olivier Panis) participera au Championnat du monde de F1 en 2004. Quelle réflexion cela vous inspire-t-il ?
Cette situation reste incompréhensible car il existe en France des constructeurs compétitifs, des sponsors intéressés par le sport automobile et des pilotes de talents.

Propos recueillis
par Renaud Moncla



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