AUTO HEBDO, 12.07.2000

Alain Prost
"Assurer l'avenir"



Grande déception au soir de ce GP de France?
Oui, bien sûr. On pensait concrétiser définitivement le grand pas en avant effectué depuis quelques courses, depuis Monaco en fait. La voiture marchait vraiment très bien en essais préliminaires, en performances pures, et avec pas mal de fiabilité. Nous étions enfin parmi les meilleurs. Encore une fois, nous n'avons pas réussi à concrétiser…

Difficile de garder la sérénité des troupes?
C'est en tout cas l'un de mes objectifs fondamentaux. Le problème est que chacun y va de sa petite phrase, de sa petite rumeur bien orchestrée et Intentionnée, on cherche un moteur, oui. On doit le trouver d'ici la fin juillet. Rien de nouveau.

Les moteurs existent?
Oui, il y a des possibilités. Il faut trouver la bonne. Celle qui allie courts et longs termes. Difficile d'en dire plus.

Au GP du Canada nous avons évoqué la recherche d'un partenaire financier? Qu'en est-il exactement?
Tout est possible aujourd'hui dans la mesure où les structures de l'équipe sont solides. Mais face aux géants de l'Industrie automobile aujourd'hui impliqués en F1 il faut trouver des appuis différents. L'ouverture du capital n'est donc pas totalement exclue.

Difficile de se faire une place en F1 même si les gros industriels arrivent!
Il faut être au bon endroit au bon moment. Comme pour les pilotes. Une affaire de talent, de travail mais aussi d'opportunité et de circonstances. On peut appeler ça la chance. Mais il faut aussi être suffisamment bon pour se retrouver en mesure de la provoquer, on a connu une période de progression dont nous n'avons peut-être pas su profiter. Et puis le nombre des grands constructeurs impliqués en F1 est quand même limité. Faire une équipe en France n'est pas simple, la faire en partenariat avec un constructeur français l'est encore moins, au niveau de la sérénité et de la communication notamment. Collaborer avec une entreprise étrangère est plus facile.

Finalement, Prost patron d'écurie connaît ses pires années en F1!
Oh, je m'y attendais! Même si j'espérais d'une certaine manière un peu plus de soutien, on a construit ce projet en soit-disant partenariat alors qu'il n'y a jamais vraiment eu partenariat. C'est un demi-échec. On a néanmoins construit un bel outil, qui vaut "cher", sans parler spécialement d'argent, qui aurait pu ouvrir sur un challenge français passionnant. Malheureusement, preuve est faite que le franco-français ne marche pas. En tout cas l'échec est très relatif pour moi. Quatre titres de champion du monde, 51 victoires, personne ne me les enlèvera, cela dit je veux absolument assurer l'avenir de cette équipe, elle le mérite vraiment. Depuis des années que l'on prend tout sur la tête sans rien pouvoir, ce n'est pas très facile à vivre. Je dois penser à elle avant de penser à moi.

Tu dis que le moteur idéal sera celui qui alliera court et moyen termes. S'agira-t-il du même moteur ou de deux moteurs différents?
Quand je parle de moteur je pense plus à un choix qui puisse allier court et moyen termes. Ça pourra être un ou deux moteurs différents. Ce qui implique une négociation avec deux constructeurs. D'où la complexité de la situation dont je parle depuis déjà quelque temps!

Une décision fin juillet ne sera-t-elle pas trop tardive?
Non. Si l'on veut tourner en décembre avec une nouvelle voiture c'est à cette époque qu'il faut lancer le nouveau programme. Du coup nous avons jusqu'à la fin juillet pour figer le projet de la AP04 dont on disposera très vite et que nous mettrons directement sur piste en janvier ou février.

Patrick Camus



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