L'ancien quadruple champion du monde français Alain Prost nous livre ses impressions avant le rendez-vous de Saint-Marin ce week-end. Si Renault et Alonso le surprennent, il pense que les autres écuries peuvent encore réagir.

Renault a de nouveau frappé un grand coup en Australie avec le numéro de Fernando Alonso. Vous attendiez-vous à une telle domination de l’écurie française après trois courses ?
On s’attendait vraiment à ce qu’ils soient devant parce que depuis le début de l’année, ce sont, sans aucun doute, les plus réguliers, les plus performants et les plus fiables, notamment grâce aux pneus Michelin. En revanche, on ne s’attendait pas à ce que Fernando Alonso domine autant en Australie. Il était vraiment au dessus du lot. Je serais les adversaires de Renault, je commencerais à me faire un peu de souci. Néanmoins, avec les trois semaines de pause entre l’Australie et Saint-Marin, nous allons voir comment les écuries vont évoluer, tant en terme de performance que de fiabilité mais aussi en matière de moteur et de pneumatiques.

La hiérarchie qui est en train de se mettre en place est assez étonnante puisque Renault creuse l’écart alors que le niveau des écuries de pointe semble assez homogène…
On a l’impression que ce qui fait la différence entre Renault et les autres, ce n’est pas quelque chose de fondamental. L’année dernière, à la même époque, Alonso, Fisichella et leur équipe dominaient avec une voiture réellement supérieure. Là, on a plutôt l’impression qu’ils ont bien mis tout bout à bout, qu’ils maîtrisent les détails, qu’ils ont parfaitement assimilé le nouveau règlement et qu’ils appliquent les bonnes stratégies. Mais cette petite avance implique que la concurrence peut revenir à leur niveau assez vite.

Après trois semaines d’essais privés, la hiérarchie peut-elle vraiment être bouleversée à Imola ?
Non, la hiérarchie ne peut pas changer fondamentalement. C'est-à-dire que l’on verra toujours les bonnes écuries devant, celles qu’on a vues depuis le début de saison. C’est vrai qu’il y a eu une (bonne) petite surprise avec le retour de Toyota en Australie (NDLR : Ralf Schumacher 3eme) mais il faut maintenant confirmer. N’oublions pas cependant Williams, car si la fiabilité laisse à désirer, en performance pure, j’ai l’impression que c’est une équipe qu’on oublie un petit peu mais qui est extrêmement performante et qui a été en tête de la course en Australie. Donc je pense que ces trois semaines auront été bénéfiques pour ceux qui ne sont pas fiables et pour ceux qui ont dans les cartons quelque chose en développement. Normalement, toutes les équipes vont développer mais reste à savoir qui va le faire le mieux. Avant le premier Grand Prix européen, c’est toujours un moment très important. C’est la deuxième phase de la saison qui débute, sur des circuits que l’on connaît bien et l’on va véritablement connaître les forces en présence. Je ne pense cependant pas que le Championnat sera chamboulé. A moins que Bridgestone amène des pneus différents qui permettent, à Ferrari notamment, de revenir au plus haut niveau. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui…

Retouvez l'intégralité de cette interview sur le portail mobile Orange World, où Alain Prost livre ses impressions à l'occasion de chaque Grand-Prix.