Comme avant chaque Grand Prix, Alain Prost, quadruple champion du monde, nous livre son analyse à la veille du rendez-vous américain. Selon lui, Ferrari et Bridgestone peuvent ennuyer Renault et Alonso sur l'ovale d'Indy.

Les cinq premiers du Grand Prix du Canada dimanche dernier étaient les mêmes qu’à Silverstone deux semaines plus tôt. Même si la course a été un petit peu plus animée, au final, c’est toujours Alonso et Renault qui gagnent…
Oui, la course a été un peu plus animée heureusement, mais pas beaucoup plus. C’était surtout le fait de la configuration du tracé, de l’intervention de la voiture de sécurité à la fin et de la dégradation de la piste. Sinon, sur le plan purement sportif, on a eu droit une nouvelle fois à une domination complète des Renault et surtout de celle d’Alonso. On sent que derrière, les équipes ne sont pas loin mais pas encore tout à fait au point pour se battre à la régulière. J’espère que cela ne va pas nous donner une deuxième partie de saison un peu monotone du fait de l’avance d’Alonso au Championnat. Mais c’est aussi souvent dans ce genre de situation qu’un petit grain de sable vient perturber la machine. Quel peut être ce grain de sable alors que Renault semble si solide ?

Les F1 débarquent à Indianapolis ce week-end, un an après un Grand Prix tronqué par les problèmes de pneus de Michelin. Le manufacturier Bridgestone, qui équipe notamment Ferrari, n’arrive-t-il pas avec un ascendant ?
Je ne crois pas. Chez Michelin, s’ils ont envie de gagner un Grand Prix cette année, c’est bien celui-là, à Indianapolis. Et, sincèrement, je pense qu’ils le méritent. Pourquoi ? Parce que l’année dernière ils ont dominé et cette année également. Si Renault et Alonso son à ce point performants, c’est parce qu’ils disposent d’un pneu très performant sur un tour en qualifs mais aussi très performant en course sur tous les types de circuit. Donc, cette année, Michelin aura envie de démontrer que les ratés de l’année dernière n’étaient qu’un accident de parcours. Je ne pense pas que cela se renouvellera cette fois-ci. D’autant que sur le plan médiatique, c’est également très important.

Quelle devrait être l’ambiance autour du circuit un an après le fiasco d’Indy ?
Contrairement à ce que l’on croit, le public américain est très connaisseur et n’a jamais été contre la F1. Il veut du spectacle, du show. Donc, il n’ira pas au Grand Prix ce week-end pour se payer la tête d’untel ou d’untel. Mais il ne faut pas les prendre deux fois de suite pour des imbéciles.

Qui s’illustrera ce week-end sur l’ovale d’Indy ?
Ferrari a toujours été un peu plus rapide en vitesse de pointe que les autres voitures du Top 4 depuis le début de l’année ; Indy, c’est la plus grande ligne droite de la saison avec en plus un « banking » (virage surélevé) qui se passe à fond ; Bridgestone n’est pas loin derrière Michelin et Ferrari pas loin derrière Renault donc la vitesse de pointe compensera-t-elle le petit écart ? En tout cas, si Renault se retrouve derrière, ce sera infime par rapport à Ferrari ou McLaren. Mais pour le spectacle, espérons qu’il y ait de la bagarre devant…