TF1, 12.06.2003

Alain Prost: "Muller est le N.1"



Alain Prost explique pourquoi et comment il s'investira dans le Trophée Andros 2003-2004, au volant d'une Corolla préparée par Oreca. Le quadruple champion du monde parle de son plaisir de pilote retrouvé et de "l'importance d'essayer de réussir une nouvelle histoire" avec Hughes de Chaunac, son patron d'équipe. Entretien.

Comment est né ce projet?
J'avais fait quatre ou cinq courses l'année dernière, avec une victoire et deux podiums. J'ai trouvé l'ambiance extraordinaire, c'était un vrai eu plaisir à pilote sur la glace. Après ce que j'ai vécu, on a toujours besoin de se reconstruire. Il n'y avait pas grand chose dans le sport qui me motivait ou m'amenait quelque chose d'un peu nouveau. J'y ai trouvé ce qui me manquait. On a trouvé une voiture et une équipe grâce à Max Mammers, que je tiens vraiment, au passage, à remercier, ainsi que tout ceux qui m'ont aidé. C'était formidable. Il fallait que je continue d'une autre manière, avec des gens que je connais autour de moi, un constructeur pour faire les choses de façon encore plus professionnelle. Avec Hughes de Chaunac, on parlait depuis longtemps de projets pour le futur. Et puis, Michel Gardel, président de Toyota France, est un fan du Trophée Andros, Toyota est extrêmement bien intégré en France, ça marche très bien commercialement et il avait envie de promouvoir la Corolla.

C'était presque une évidence de travailler avec Hughes de Chaunac, qui a souvent accompagné dans votre carrière...
Oui. On a gagné ensemble deux championnats de Formule 3 (France, 1978, Europe 1979), organisé le Grand Prix de Pau, il a été à mes côtés lors de la création de Prost Grand Prix, même s'il n'a pas pu me rejoindre pour des raisons bien spécifiques. Il a toujours été là. C'est important pour lui comme pour moi d'essayer de réussir une nouvelle histoire. Je pense que l'on aura d'autres projets ensemble dans le futur.

Et puis, vous devez être heureux d'avoir réveillé définitivement le pilote qui est en vous...
Aller dans une discipline comme la glace que je ne connaissais pas n'était pas du tout évident. J'ai constaté que mon style de pilotage, qui n'est normalement pas fait pour ça, était plutôt efficace, même s'il reste beaucoup à faire. C'est purement le pilote, l'esprit sportif qui est ressorti et ça m'a vraiment fait plaisir de me remettre dans un baquet.

Vous avez souvent parlé de "challenge" dans votre carrière en F1 et vous vous attaquez maintenant à Yvan Muller, 7 fois vainqueur de l'Andros...
Ça ne me fait pas peur. Je sais que je pars avec un handicap. L'andros est une spécialité, ce sont des gens d'expérience qui sont là, et j'en ai très peu. Yvan est le numéro 1, l'homme à battre, il a été l'épouvantail pendant des années. Je ne dis pas que c'est mission impossible de le battre, mais ce sera extrêmement difficile, surtout la première année. Il va falloir appréhender sur du moyen-long terme. Le challenge est là. Ça va aussi motiver pas mal de gens qui vont suivre le Trophée et ça c'est vraiment sympathique.

Vous nous aviez surpris en vous engageant dans l'Andros. Jouer des portières n'est pas dans votre caractère!
Non mais je suis capable de le faire quand il le faut. Le règlement fait que ce sont plus les manches qualificatives et les chronos qui ont une plus grande importance que la finale. Ça évite justement de détruire les voiture et les budgets de monter en flèche. On a eu quelques courses chaudes l'année dernière mais ce n'est pas ce qui prime.

Quelle sera la définition technique de votre Toyota Corolla?
La Corolla sera dérivée de la voiture de série. Ce sera une Silhouette, énormément modifiée. Le moteur sera celui que la Lexus RX 300, un 3 litres de 6 cylindres. On ne sait pas encore ce que l'on pourra en tirer. La voiture sera construite à partir de juillet. On va beaucoup travailler sur le couple, la puissance et la répartition des poids. Tout le monde va étudier le règlement et quelqu'un trouvera peut-être un petit plus. Il faudra qu'on le trouve avant. On cherche.

Vous n'aurez pas d'équipier?
Non. C'est une décision de Toyota et de Hughes de Chaunac de se concentrer sur un pilote. Il faut reconnaître que c'est un soucis marketing de Toyota que d'associer l'image de Toyota, de la Corolla et d'Alain Prost en même temps, ce que je trouve normal. Cela représentera peut être un petit moins de ne pas avoir de temps en temps un équipier qui peut apporter des indications précieuses. Mais ça permet de se concentrer sur un pilote, un style, une position de conduite... Et puis, ça va me motiver encore plus pour les essais, que j'aime de toute façon faire.

Propos recueillis par Stéphane VRIGNAUD



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