RENAULT, 01.08.2012

CONVERSATION EN POLE POSITION



ON DIT QUE LES GRANDS ESPRITS SE RENCONTRENT. ALAIN PROST ET ESPACE NOUS EN FONT UNE ÉTONNANTE DÉMONSTRATION! FAN DU N° 1 DES MONOSPACES, LE QUADRUPLE CHAMPION DU MONDE DE F1 NOUS RACONTE SES SURPRENANTS SOUVENIRS DE PISTE ET D’ESPACE…



En 1984, Renault lance l’Espace, quelle était votre actualité et vos liens avec Renault à l’époque?
Je me rappelle très bien de la sortie d’Espace. J’avais eu la chance de voir le véhicule en cours de développement, plusieurs mois avant sa sortie. Et c’est une voiture dont on me parlait beaucoup chez Renault. C’était une surprise de voir arriver ce véhicule totalement révolutionnaire, et à la limite, presque choquant pour certains. Je me souviens que les premiers mois ont été difficiles commercialement, comme souvent lorsqu’une innovation aussi radicale vient surprendre et bousculer les conventions et les habitudes. Mais très vite, les clients se sont aperçu qu’il fallait essayer Espace pour comprendre le concept et l’adopter. Ce fut mon cas. J’ai eu l’occasion très rapidement d’apprécier et d’utiliser Espace. J’en ai possédé un. Je l’ai beaucoup utilisé par exemple lorsque j’allais au karting avec mon fils âgé d’une douzaine d’années à l’époque. Ce sont de très bons souvenirs. Une fois les sièges enlevés, nous disposions d’un "espace" – le mot est lâché – fabuleux. Nous n’avions cela dans aucun autre véhicule et je ne crois pas que l’on puisse retrouver cela dans un autre véhicule aujourd’hui. Pour moi, Renault Espace est donc associé à des souvenirs de convivialité en famille et des moments privilégiés passés avec mon fils.

On vous imagine sensible, en tant que pilote, à la visibilité. Que pouvez-vous en dire sur l’Espace?
Ce que je trouve de plus appréciable sur l’Espace, c’est sa "vraie bonne visibilité" et l’absence d’angles morts. Ce qui génère une sensation de sécurité pour soi, mais aussi vis-à-vis des autres usagers, piétons, cyclistes, scooters… Cette visibilité parfaite est une prestation inconnue de beaucoup de véhicules pénalisés par la forte épaisseur de leurs montants de pare-brise et montants latéraux. Ce confort d’usage sur Espace est d’autant plus agréable qu’il est devenu rare dans l’automobile.

Vous avez été pilote de l’Espace F1 de 1994, équipé du moteur Renault V10 F1 de l’époque. Quelle image en gardez-vous?
J’en garde une double image. D’abord, cela a été un "truc incroyable". J’aimais beaucoup Philippe Guédon et je savais qu’il avait en tête un projet commercial d’Espace sportif. J’avais de mon côté proposé à Renault l’idée d’une berline sportive utilisant la technologie de la F1, le moteur V10 et les vitesses au volant, pour associer l’image de la course au produit. Aussi, ce projet d’Espace V10 m’avait à la fois beaucoup séduit et en même temps un peu questionné du point de vue du pilotage. Car un Espace, ce n’était pas vraiment un véhicule sportif, a priori. Et je dois dire que j’avais été vraiment étonné du résultat. C’était tout de même un challenge en termes de pilotage en ce qui concerne la tenue des freins, la position du volant proche de l’Espace traditionnel… Mais elle tenait remarquablement la route et prenait plus de 300 km/h en ligne droite au Castelet. Les gens ont été interpellés par cette voiture déroutante qui roulait avec un moteur de F1. Elle attirait déjà l’attention sur le sens de l’engagement de Renault en F1 à l’époque.

À propos du lien entre la F1 et les produits de série, quelle est son importance pour vous aujourd’hui?
Ce lien n’a pratiquement jamais été aussi important qu’aujourd’hui. Il l’était beaucoup dans les années 80. Renault avait besoin d’une image internationale, de fiabilité, de qualité, et valorisait l’innovation. Renault a ainsi imposé la technologie des motorisations turbo en F1 comme en série. En revanche, on parlait moins – il y a trente ans – de réduction de consommations, de CO2 et d’économies d’énergie qu’aujourd’hui. Les périodes suivantes, marquées par des contraintes financières fortes et une tendance au nivellement des budgets et des performances, ont été plus "floues" de ce point de vue. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle période. Avec les nouvelles motorisations en 2014, la F1 va revenir à sa fonction idéale, pour ne pas dire initiale. C’est un sport, c’est un show, mais c’est aussi un banc d’essai technologique. Et la relation entre le produit et la course, entre les ingénieurs produits de la marque et les ingénieurs de la compétition, n’aura jamais été aussi étroites. La course permet de gagner du temps en termes d’innovation technologique. C’est une expérience en continu, avec ses échéances qui se répètent tous les 15 jours. C’est assez violent : il faut sans cesse être performant et le montrer au public. Cette nouvelle période va être intéressante, car elle correspond au mieux à ce que les constructeurs vont devoir faire de plus en plus à savoir du downsizing, des petits moteurs turbocompressés offrant un gain maximum en masse, en consommation, en CO2. La F1, avec les contraintes qu’elle impose et qui vont s’amplifier, va permettre à Renault de progresser sur la récupération d’énergie, les contraintes électriques, etc. Donc il y a un lien plus qu’évident et presque indispensable qui va beaucoup servir le produit.

Qu’avez-vous à ajouter sur Renault Espace?
Renault Espace est un modèle et un concept à part, à l’image de son design lui aussi unique. Il n’y a pas de véritable alternative sur le marché, car aucun véhicule parmi les berlines traditionnelles, les 4x4 ou les SUV n’offre les mêmes prestations. Beaucoup de véhicules finissent du reste par se ressembler dans leurs catégories respectives. Renault Espace échappe à cette banalisation. Il reste totalement unique. Il permet vraiment de se différencier. Sur le fond, Espace a su évoluer tranquillement au cours des années en incorporant de nouvelles technologies, en restant toujours dans le coup, sans jamais dénaturer l’idée initiale. Renault Espace a logiquement de nombreux fidèles qui ne voudraient rouler dans aucune autre voiture. C’est une voiture faite pour marquer son temps.



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