Alain Prost a passé pas mal de temps, le week-end dernier, à essayer de dompter un taureau sur le circuit Paul-Ricard. Mais le noir et or va beaucoup mieux à la finesse et au style du Professeur…

Racontez-nous votre expérience dans la R30…
Je n’imaginais pas que j’aurais pris autant de plaisir à remonter dans une F1. J’ai eu de nombreuses opportunités dans le passé et j’ai toujours refusé, mais c’était une bonne journée. Après seize ans sans avoir piloté une F1, c’était assez étrange de se glisser à nouveau dans un cockpit. Et le fait de rouler sur le mouillé n’était pas fait pour me détendre! Cela dit, la voiture était très bien. Je me suis senti à l’aise d’emblée, le moteur était souple et c’était relativement facile, même si je n’ai pas voulu trop forcer et risquer de commettre une erreur.

Dans ce cas, allez-vous y revenir?
Ah! On ne sait jamais… Le faire une fois, c’est bien et j’aimerais recommencer dans des conditions plus clémentes. Avec un siège et une position de conduite mieux adaptés, je pense que j’aurais encore de meilleures sensations. Ces détails sont gênants quand vous avez envie d’attaquer un peu plus.

Après ce roulage, voyez-vous la F1 moderne différemment?
Définitivement oui, je la vois d’une façon différente. Quand vous avez été en dehors du sport pendant aussi longtemps, vous ne savez pas vraiment ce qui se passe dans le cockpit. Vous regardez la course, mais vous ne savez pas toujours ce qui se passe et vous ne pouvez pas toujours tout comprendre. Maintenant que j’ai conduit une voiture de ce niveau, je comprends mieux ce que font les pilotes, quelles difficultés ils peuvent rencontrer, les fautes potentielles. Par exemple, j’ai eu du mal aujourd’hui à me faire à la visibilité vers l’avant. En dehors de cela, tous les systèmes, le moteur, la boite de vitesses, les freins, sont vraiment fantastiques. Très bons. La Formule 1 a toujours été le pinacle de la technologie, mais il n’y a pas de limites dans la technologie. Tout s’améliore en permanence, même les petites choses.

Nos jeunes pilotes ont dit combien ils étaient honorés de piloter la Lotus classique. Jérôme n’arrêtait pas de sourire et Romain était un peu dégoûté de n’avoir pas pu en profiter. Avez-vous apprécié le regard et les commentaires de ces garçons sur ces voitures qui ont compté pour vous?
Ah oui! J’ai dit à Romain qu’il me semblait plus facile d’être un pilote de l’ancienne génération et de piloter une voiture moderne. Ces garçons ont expérimenté un environnement radicalement différent en montant dans l’ancienne voiture. Ils ont même trouvé un levier de vitesses dans le cockpit! Si vous voulez vivre une expérience d’un autre type, alors vous devez piloter une voiture des années 80.